Bonne année à mes amies vaches



Mangeons moins de viande pour réduire nos rejets de gaz à effet de serre. Il suffirait de supprimer la viande un jour par semaine de nos menus pour réduire de 10 % nos rejets de gaz à effet de serre. Moins manger de viande oui, mais attention à ne pas se tromper de viande !

Alors, quelle viande réduire ? La rouge, synonyme de force et de santé, de classes aisées ? Ou la blanche, qui évoque la pureté, la légèreté, l’enfance même et de plus en plus, les fins de mois difficiles. La question est importante. La viande occupe une place centrale dans l’univers symbolique de notre alimentation. Elle est source de croyances nourries de religion, de culture, d’éducation. Elle nous classe socialement, identitairement. Soyons en convaincus : avec cet appel à manger moins de viande au nom de la lutte contre le changement climatique, nous touchons là, même si nous nous en défendons, un « gros morceau » culturel.

Un gros morceau qui pourrait si nous n’ y prenons pas garde, se retourner, malgré nos louables intentions, contre les meilleurs de nos éleveurs. Contre nos amies les vaches qui ne peuvent plus ruminer la conscience tranquille.

Ce que nous devons conseiller ? 

La suppression de la viande des élevages intensifs en premier lieu. Surtout pas celle qui provient des élevages - bovins, ovins - extensifs de nos piémonts, causses, vallées montagnardes, où bœufs et moutons mangent de "l'herbe", que de l'herbe, et créent ce faisant de la biodiversité, protègent les sols, animent des paysages vivants et "humanisés", dans des régions économiquement fragiles.

D’aucuns - pas très nombreux mais qui ont large tribune dans les médias - nous invitent à manger moins de viande rouge, et lui préférer de la viande blanche (poulet, porc) au motif que ces granivores - non ruminants donc - n'émettent pas de méthane. Ne relayons pas ces propos. Ce serait oublier que nos élevages majoritairement intensifs de poulet, porc, ont un bilan global « gaz à effet de serre » catastrophique, du fait :
  • des importations massives d'aliments notamment de soja du Brésil (avec déforestation et déstockage de CO2)
  • des cultures de maïs grains qui génèrent de grosses quantités de protoxydes d'azote liés à la sur-fertilisation, gaz à effet de serre extrêmement puissants (bien plus que le méthane !)
  • des concentrations d'effluents eux aussi très impactants sur l'effet de serre.

C’est pourquoi, j’invite bien sûr les écologistes à appeler à manger moins de viande, pour toutes les bonnes raisons que l’on sait qui vont au-delà des impératifs de lutte contre le changement climatique, mais sans se tromper de viande ! Oui au pot au feu des pâtureuses des Pyrénées et au gigot d'agneau du Larzac !

J’invite les écologistes à lutter contre le discours ambiant qui met tout sur le seul dos de nos bonnes vieilles vaches qui regardaient, quand il y en avait, passer les trains et qui ont toujours ruminé peinard, à résister à l'appel du poulet et du cochon de batteries concentrationnaires.

A nous de préparer un plan d’accompagnement (dans les régions, mais aussi au plan européen) pour que les éleveurs, en premier lieu les éleveurs de bovins à l'herbe, ne soient pas injustement pénalisés,...

Tout ceci est cohérent avec nos programmes de conversion des agricultures régionales. Mais soyons vigilants : l’année 2010 sera "saignante" pour la viande. Il ne faudrait pas qu'elle le soit pour les éleveurs.

Isabelle MEIFFREN
Bipède carnivore très modérée.

4 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle,

    As tu des données chiffrées concernant le bilan des GES des poulets et porcs ?
    D'après l'ADEME/Jancovici c'est très nettement moins que pour la viande rouge. Par exemple 1 KgEcCO / K de nourriture pour le poulet, 14 pour le veau. La part des protoxyde d'azote est, relativement au méthane, peu importante.
    De mémoire, les chiffres de Lester Brown sont du même ordre de grandeur, de même que ceux de la PNUD/FAO.

    Cela dit, il vaut effectivement consommer, et soutenir, l'agneau pyréneen. Mais l'argument sur le méthane me semble juste, il faut donc trouver d'autres approches pour justifier ce type d'élevage.

    Un concept qui me semble intéressant est celui de la subtituabilité : l'agneau pyrénéen n'est pas substituable, ie rien ne peut le remplacer en tant qu'activité économique. De même que pour la pluspart des paturages. A contrario le maïs destiné à l'alimentation animale est substituable - on peut remplacer les surfaces pour faire pousser des choses plus utiles.

    C'est justement ce que nous proposons dans nos programme, non ?
    Continuons de soutenir une agriculture locale, bio, etc.... mais sans pour autant oublier que l'augmentation du méthane ces dernières années est supérieure à celle du CO2, et que l'élevage, au niveau mondial, a une part importante dans cette augmentation.

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  2. Bonjour,

    L'ADEME n'a pas produit de comparaisons chiffrées entre viande rouge et viande blanche. Ceux de Jancovici sont erronés (ils ne prennent pas en compte le carbone dans les sols par exemple, ni les changements d'affectation des terres induites par ces élevages). On ne peut pas faire "le" bilan des GES des poulets et porcs pour la bonne raison qu'il est éminement variable. Il est démontré que le bilan GES varie du tout au tout pour un même type d'élevage (bilans PLANETE), en fonction de très nombreux paramètres - notamment la production des aliments pour les animaux, le sol et le climat, la pratique culturale.

    Pour faire un bilan GES correct, il faut savoir notamment d'ou vient le soja qui sert à nourrir les poulets et porcs. Il est importé des Amériques, notamment du Brésil, au prix de la déforestation et du déstockage du carbone (sans parler du déstockage des habitants de l'Amazonie). Il est souvent OGM. Pour l'agriculture française, le protoxyde d'azote pèse globalement autant que le méthane, en pouvoir de réchauffement à 100 ans en tout cas.

    Cela fait des décennies que les écologistes alertent sur le fait que notre régime alimentaire très carné est impossible à généraliser à la planète entière, donc qu'il est non soutenable, tout comme notre régime énergétique.
    Donc oui à la modération de la consommation de viande, mais ce qui est moins évident dans la sphère écolo c'est qu'il faut éviter de crier haro sur le baudet, en l'occurence les seuls ruminants. Remplacer le boeuf de l'Aubrac par le cochon hors sol de Bretagne n'améliorera pas le climat (sans parler même des autres effets).

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  3. Merci pour cette réponse. Il faut effectivement éviter l'effet potentiel de substitution d'une viande vers une autre, du moins tant qu'on n'aura pas une meilleure connaissance des bilans GES.

    Notes toutefois que les bovins (laitiers + viande) consomment presque 45 % des tourteaux de soja, autant que les volailes, et 2 fois plus que les porcs. (source : WWF)
    Il faudrait donc significativement augmenter la part de l'élevage bovin extensif. Mais saurait on produire du lait de manière économique en extensif ?

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  4. Calcul : Si supprimer la viande un jour par semaine diminue de 10% l'emission des GES de combien diminue-t-on l'emission des GES si on suit cette recommandation alors que l'on ne mange de la viande qu'une fois par semaine ?
    Pour ma part j'adore la chair des pommes, des poires, des cerises, ...est-ce dangereux pour les GES?

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