Premier discours d’Eva JOLY candidate d’EE-LV


Primaire de l'écologie - Résultats du second... par EuropeEcologie


Aujourd’hui, je m’adresse à vous en tant que candidate des écologistes à l’élection présidentielle. Ma première pensée va à tous les artisans de cette primaire. Je remercie d’abord tous ceux qui m’ont choisie. Mais je remercie aussi tous ceux qui ont voté pour mes trois concurrents, notamment pour Nicolas Hulot. Ma légitimité d’aujourd’hui repose sur un scrutin ouvert aux écologistes venus de tous les horizons. Je n’oublie pas, bien sûr, ceux qui ont soutenu ma candidature et qui n’ont compté ni leur temps, ni leur énergie. Cette victoire est aussi la leur.

Ma reconnaissance enfin est grande pour les initiateurs de ce formidable mouvement qu’est EE-LV. Ils m’ont sollicitée et accueillie à bras ouverts, il y a trois ans. Il est rare qu’un mouvement politique désigne une tête nouvelle. Une première page se tourne. Cette primaire est un succès. Jamais le candidat des écologistes n’a été désigné par une base aussi large. Cette primaire est un progrès. Les Français ne veulent plus de petits arrangements au sommet. Ils veulent un langage de vérité.
Cette primaire est un espoir. L’ampleur de ma désignation me donne une grande responsabilité. Le temps du débat entre nous est terminé. Il est sain que dans un mouvement démocratique un débat ait lieu. Ce qui nous rapproche est plus important que ce qui nous divise. Je veux rendre hommage ici à Nicolas Hulot qui a quitté un certain confort pour s’engager en politique et défendre l’écologie. Il a, avec son équipe, un rôle de premier plan dans la mobilisation générale qui commence.
EE-LV est notre maison commune. C’est une maison ouverte et j’affirme avec joie notre unité. C’est la première fois que se présente à la présidentielle une Française, qui est née et a grandi à l’étranger. Je suis venue à 20 ans en France, parce que ce pays était un rêve pour moi. Je suis tombée amoureuse de la France et de ses habitants. J’y ai fait ma carrière. Je m’y suis mariée. Mes enfants sont nés ici.
Je suis une Française par choix et par conviction. Mon accent est la marque du rayonnement de la France dans le monde entier. Qui peut douter que je ne sois une Européenne convaincue ? Je représenterai la France de l’écologie. La France qui travaille pour les générations futures. La France qui place l’intérêt général au-dessus de celui des lobbies et du profit immédiat. La France qui change de modèle, qui retrouve le souffle de l’avenir.
L’écologie, c’est l’économie au service de l’homme et non l’homme au service de l’économie. La croissance sans fin qui serait le remède à nos maux est une chimère. Non, la croissance n’est pas la réponse au chômage et à la pauvreté. Nous sommes pour la redistribution des richesses. Nous sommes pour la modération énergétique et la sortie du nucléaire. Nous devons engager la conversion de l’économie, passer d’une société jetable à une société durable. Nous ne pouvons continuer à enfouir dans nos campagnes des machines à laver et des frigos qui sont fabriqués pour tomber en panne au bout de 3 ans.
Forêt amazonienne qui devient une savane où pousse le soja transgénique qui va être transporté à travers les océans pour nourrir le bétail. La savane africaine qui devient un désert. Ou la pêche industrielle qui anéantit les fonds marins.
Je représenterai la France qui n’accepte pas les discriminations et les ghettos. La France du XXIème siècle, dont l’identité n’est pas la nostalgie d’un âge d’or imaginaire, mais un projet ouvert, riche de ses différences. Je représenterai la France des régions souvent niées dans leurs traditions. La France des accents et des sangs mêlés. La France des banlieues, des chômeurs, et des petits salaires. Je représenterai la France qui pense que la fraternité est notre bien le plus précieux. La France qui refuse de vivre sous le régime des privilèges. Celle qui désire de toutes ses forces retrouver l’esprit de la République. C’est la première fois que se présente à la présidence de la République la candidate d’un mouvement écologique puissant, un mouvement qui progresse d’élections en élections. Un mouvement qui a dépassé les 15 % des votes aux élections européennes.
C’est aussi la première fois que se présente à la présidence de la République une femme dont le combat contre la criminalité financière a occupé vingt-cinq ans de sa vie. La France qui relève la tête face à l’impunité de la finance. Oui l’éthique est possible, même à la tête de l’Etat. Nous refuserons les compromissions du pouvoir.
Sans victoire de la gauche, il n’y aura pas d’arrivée des écologistes au pouvoir. Mais sans une écologie forte et influente, il n’y aura pas de victoire de la gauche. Reprendre le pouvoir, c’est bien. Mais pour en faire quoi ? EE-LV est une force d’alternative et le moteur de la gauche. Il y a la droite libérale et il y a une gauche productiviste. Les écologistes sont porteurs d’une nouvelle vision du monde. 2012 n’est pas une simple alternance possible entre l’UMP et le PS. Chacun sent bien que le monde change, que l’économie ne fonctionne plus comme avant. L’économie française produit trois fois plus de richesses matérielles qu’il y a 30 ans. Sommes nous trois fois plus heureux ? Ce sont des richesses matérielles souvent factices. Cette richesse supplémentaire est d’abord mal répartie. Nous sommes arrivés à l’épuisement d’une logique qui maltraite les hommes, une logique qui maltraite la planète. René Dumont l’affirmait en 1974. Les faits donnent raisons à l’écologie dans tous les domaines : eau, agriculture, énergie, finance, industrie, santé. En Allemagne, les écologistes sont devenus le deuxième parti du pays. C’est avec cette ambition que j’engage aujourd’hui ma campagne car il n’ y a pas de raison que ce qui se passe aujourd’hui en Allemagne ne puisse pas se produire en France l’année prochaine.
L’UMP veut garder le pouvoir, pour qu’une caste continue de profiter de tous les passe-droits. Leur arme, c’est la division des Français, en jouant avec les mots, les chiffres, les faits. Le PS veut reprendre le pouvoir, lui qui depuis trente ans a gouverné quinze ans. Leurs dirigeants ont été de tous les gouvernements de la gauche depuis 1981, pour le meilleur souvent et parfois pour le moins bon. Nous, écologistes, humanistes et européens, voulons rendre aux Français le pouvoir. Nous voulons que les choix essentiels soient largement exposés, débattus. Nous refusons que les grandes décisions soient tranchés en catimini dans des palais officiels, avec quelques grandes entreprises et grandes banques.
Je serai la représentante de France en mouvement. Ensemble nous pouvons remplacer la peur par l’espoir et le repli par l’ouverture. Oui nous sommes européens, et fiers de l’être. Nous agirons pour relancer l’Europe, notamment autour d’un cœur franco-allemand voulu par les écologistes des deux côtés du Rhin. Oui nous sommes écologistes et fiers de l’être. Nous engagerons la France dans la sortie du nucléaire civil et militaire, la lutte contre les gaz à effet de serre et la restauration écologique. Oui nous sommes partisans de la sixième république, et fiers de l’être. Nous défendrons le scrutin proportionnel, le non-cumul des mandats, la parité, le droit de vote des résidents étrangers, et le référendum d’initiative populaire. Oui nous refusons l’impunité et nous en sommes fiers. Nous ferons de la France le fer de lance de la lutte contre les paradis fiscaux, qui volent les ressources des citoyens et vident les caisses des Etats. Allons dire, dans chaque commune de notre pays, dans chaque rue, dans chaque entreprise que les écologistes sont présents, libres, indépendants, audacieux, disponibles, utiles pour tous et attentifs à chacun. Allons dire que l’intérêt général est de retour, que nous le portons, que nous le défendons comme le bien le plus précieux.
Allons dire que la couleur verte est celle de l’espoir. Vive l’Europe ! Vive l’Ecologie !


Pour une véritable gestion transfrontalière du bien « Pyrénées – Mont Perdu »

Avec l’inscription du site « Causses-Cévennes » dans la liste du Patrimoine mondial, le Sud- Ouest compte désormais un site de plus et se voit récompensé pour la richesse de son patrimoine. Mais si les élus locaux savent se mobiliser pour obtenir ce prestigieux label de l’UNESCO, une fois celui-ci reconnu, tout reste à faire.

Inscrit depuis 1997, « Pyrénées – Mont Perdu » est le seul site français, de surcroît transfrontalier, bénéficiant d’une double inscription, basée sur son paysage naturel, mais aussi sur son paysage culturel qui témoigne d’un mode de vie montagnard devenu rare en Europe. Or depuis cette reconnaissance, l’UNESCO ne cesse de rappeler aux Etats français et espagnol que l’inscription du bien doit s’accompagner d’un certain nombre de mesures de préservation et de soutien, faute de quoi il pourrait être « mis en péril ». En juillet 2010, le Comité du Patrimoine Mondial a insisté sur les objectifs pour la conservation du bien « Pyrénées-Mont Perdu » qui doivent être atteints d’ici le 1er février 2012 :
  • le déplacement du Festival de Gavarnie, auquel l’Etat français s’était engagé lors de son inscription
  • le soutien à l’activité pastorale, qui est le fondement de la valeur exceptionnelle du paysage culturel
  • une véritable gestion transfrontalière du bien de la part des Etats français et espagnol
A sept mois de cette échéance, aucune de ces mesures n’a été prise par les instances locales, qui continuent d’apporter leur soutien au déroulement du Festival de Gavarnie dans un lieu incongru. De plus, le thème de 2011, « Quasimodo - Notre Dame de Paris », est sans rapport avec la culture locale et les liens transfrontaliers entre occitans et aragonais développés depuis des siècles.

Inquiets par cette incapacité à protéger et à promouvoir le site, nous demandons à ce que les acteurs transfrontaliers et représentants de la société civile soient associés à la rédaction du rapport commun qui doit être remis à l’institution internationale. Nous estimons aussi qu’il est indispensable qu’une véritable coordination transfrontalière soit mise en place, et proposons la création d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) pour accompagner le Comité de gestion transfrontalier dans sa mission de protection et de valorisation de ce patrimoine exceptionnel. Il est grand temps de se montrer à la hauteur de ce classement et des opportunités qu’il crée pour l’ensemble du territoire pyrénéen.

Catherine Grèze, Députée européenne du Sud Ouest
Guilhem Latrubesse, Conseiller régional Partit Occitan – Europe Ecologie